Après les cookies tiers … le fingerprinting

Le feuilleton sur le tracking publicitaire des utilisateurs continue. Après avoir finalement renoncé à la suppression du support des cookies tiers l’été dernier, Google vient d’annoncer une nouvelle mesure qui montre qu’ils ont décidé d’aller encore plus loin dans le tracking utilisateur.

Si vous avez raté la volte face de Google, lisez ce post d’Anthony Chavez, le VP de Google en charge du projet Privacy Sandbox :

A new path for Privacy Sandbox on the web

Google a annoncé le 18 décembre qu’ils modifiaient leurs politiques sur leur plateforme publitaire pour « tenir compte des dernières innovations dans l’écosystème publicitaire ».

Le principal changement qu’ils annoncent, c’est qu’ils autoriseront à compter du 16 février 2025 les utilisateurs de leur plateforme à pister les utilisateurs en les suivant grâce à une empreinte numérique (le fameux « fingerprinting ».

C’est quoi le « fingerprinting » ?

Dans le domaine publicitaire, le « fingerprinting » consiste à identifier les utilisateurs en exploitant des bases de données d’empreintes numériques.

En surfant sur le net, vous êtes identifiable parce que vous transmetter via votre navigateur préféré des tas d’informations qui, combinées, créent cette fameuse empreinte numérique : il s’agit notamment

  • du navigateur utilisé
  • de la résolution de votre écran
  • de votre IP et de vos données de géocalisation
  • du type d’appareil utilisé
  • de la liste des extensions installées
  • etc.
Les informations transmises par votre navigateur qui sont exploitables pour vous identifier à l’aide de cette empreinte numérique

L’ensemble constitue un jeu unique de paramètres qui finit par vous caractériser encore mieux qu’un cookie. Et ce qui est insidieux, c’est qu’autant vous pouvez supprimer les cookies de votre navigateur, autant c’est impossible avec le fingerprinting.

On peut néanmoins avec Firefox prévenir ce type de traçage en paramétrant le navigateur pour qu’il envoie exprès des infos aléatoires de configuration.

Mais évidemment, cela n’existe pas en natif sur Chrome.

Pourtant, en 2019, Google disait pis que pendre sur le fingerprinting

Ce qui est croustillant, c’est que Justin Schuh de Google critiquait fortement en 2019 cette technique, dans l’annonce du projet « Privacy Sandbox » :

Contrairement aux cookies, les utilisateurs ne peuvent pas effacer leur empreinte digitale et ne peuvent donc pas contrôler la manière dont leurs informations sont collectées. Nous pensons que cela subvertit le choix de l’utilisateur et que c’est une erreur. 

Justin Schuh, Directeur de la Division Chrome Engeneering, Google

La relecture de son post montre que Google a fait un sacré chemin sur le sujet du profilage publicitaire depuis 2019.

Et la direction prise sera donc une approche très décomplexée et peu respectueuse des règles de Privacy ….

La réaction de l’ICO ne s’est pas faite attendre

Quelques jours après cette annonce, l’ICO (la CNIL du Royaume Uni) a réagi violemment par un communiqué sans équivoque :

https://ico.org.uk/about-the-ico/media-centre/news-and-blogs/2024/12/our-response-to-google-s-policy-change-on-fingerprinting

Stephen Almond, le directeur executif de l’ICO a notamment qualifié la décision de Google « d’irresponsable » :

« Nous pensons que ce changement est irresponsable. Les entreprises n’ont pas toute liberté pour utiliser l’empreinte digitale comme elles le souhaitent. Comme toute technologie publicitaire, elle doit être déployée de manière légale et transparente. Si ce n’est pas le cas, l’ICO agira. »

Stephen Almond

Google a précisé après cette réaction qu’ils allaient échanger avec l’ICO.

Il est probable que les CNIL européennes auront une position similaire. Depuis le Brexit, l’ICO est en pointe sur ces sujets de traçage publicataire et a constitué le principal opposant au projet Privacy Sandbox. Depuis quelques mois, les régulateurs européens ont pris l’habitude de laisser l’ICO en première ligne pour affronter Google.

Le feuilleton n’est vraiment pas terminé.

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