Nous continuons notre série sur les outils logiciels pour le ecommerce et leur impact sur le SEO, en évoquant les DAM.
Après avoir décrit dans un précédent article le rôle que joue le PIM sur les gros sites ecommerce, il était que nous parlions ensuite du DAM. Car c’est un complément naturel du PIM.
Le « gestionnaire d’actifs numériques » sert en fait à stocker et gérer tout ce qui ne va pas dans un PIM : les images, les videos, les pdfs, les executables…
Là où le PIM stocke avant tout de l’information textuelle ou numérique, sous une forme structurée, le DAM stocke quant à lui tout ce qui n’est pas structuré.
Que trouve-t’on classiquement dans les DAMs ?
- les images associées aux produits, aux styles, aux gammes, aux catégories
- les videos (guides d’utilisation, présentation produit, mise en situation)
- les pdf (fiches produits détaillées, manuels d’utilisation, catalogues, livres blancs, fiches produits marketing)
- les executables (pilotes, logiciels divers)
Comme pour les PIM, on trouve dans les plateformes web ecommerce « tout en un » des version simplifiées mais fonctionnelles des « DAMs » : c’est vrai sur Prestashop ou Magento par exemple…
Les DAM se rencontrent donc plutôt sur des sites ecommerce qui ont besoin d’interfacer leur site ecommerce avec des logiciels de gestion de leurs magasins physiques, ou des sites ecommerce de taille importante.
Notons également que de plus en plus de sociétés qui proposent des PIM intègrent les fonctionnalités DAM dans leur logiciel, ou proposent un DAM sous forme d’un software avec une licence séparée mais intégrée dans une suite logicielle avec le PIM.
Premier point d’attention : attention à pouvoir optimiser pour le SEO les données textes des ressources du DAM
Comme pour le PIM, le principal point d’attention est de se réserver la possibilité de modifier les informations saisies dans le DAMs, à des finds d’optimisation SEO.
Par exemple, si en enregistrant une image, il est possible de stocker des informations annexes comme une légende, un titre, une balise alt, une description etc… et que ces champs sont verrouillés et uniquement modifiables par le responsable du DAM qui ne connait rien au SEO, on peut vite se retrouver coincés.
Voici quelques exemples de situations fréquentes quand les informations sont verrouillées :
- une balise alt vide, alors que c’est une image d’illustration
- un titre trop long pour être exploité comme nom d’image
- une légende absente
- des champs remplis de caractères ANSI mal transcodés en Unicode
- etc.
Pour éviter cela, lors de l’implémentation d’un DAM :
- on veillera à ce qu’une personne du SEO puisse superviser la création du modèle de données et veiller à ce que les champs utiles au SEO soient bien présents dans le DAM
- les guidelines d’upload de contenus dans le DAM doivent également être rédigées sous la supervision d’un spécialiste SEO
- une attention toute particulière doit être réservée aux conventions de nommage et de rédaction des champs complémentaires
Ensuite, on veillera à ce que toute information importée du DAM puisse être surchargée avant son utilisation par la plateforme web ecommerce. C’est indispensable si on part sur un DAM existant dont le contenu n’est pas optimal ou partiellement optimal
Deuxième point d’attention : la capacité des DAMs à rééchantillonner efficacement vos images
Dans un DAM, on stocke idéalement les images à leur taille et résolution d’origine, cette résolution étant au moins égale à celle exigée par les écrans Rétina. C’est ce qu’on appelle couramment le format « original » ou RAW (brut).
Pour pouvoir utiliser correctement les images stockées dans le DAM, il faut réfléchir dès l’implémentation au process qui permettra de transformer les images au format Master en thumbnail hyper léger utilisable dans la version smartphone.
La plupart des DAM ont des fonctions sophistiquées de rééchantillonnage à la volée : il suffit d’appeler une image stockée dans le DAM en demandant une taille précise, et le DAM vous renverra une image aux bonnes dimensions.
D’autres permettent de générer automatiquement, dès l’upload de l’image originale une série d’images à différentes tailles et différentes résolutions, ce qui permet d’optimiser les performances.
La plupart des DAM modernes proposent les deux systèmes…
Mais pour que cela fonctionne, cela veut dire que votre code front doit être capables d’envoyer à un DAM les bonnes requêtes avec les bons paramètres lorsqu’il veut afficher une image. Cela demande un peu de travail d’adaptation des templates.
Si vous ne le faites pas, cela veut dire que vous allez devoir importer les images dans la bibliothèque de ressources de votre plateforme ecommerce. Ensuite vous devrez vous appuyer sur les fonctions de gestion d’image souvent limitées de votre plateforme. Ce qui n’est pas idéal…
Conclusion : réfléchissez-bien à la meilleure exploitation possible des possibilités de votre DAM
Troisième point d’attention : l’internationalisation
Imaginez que vous avez stocké l’image de votre produit phare (appelons le « tour à banc incliné ZBX3000) vendu dans 19 pays, dans votre DAM au format Master. Bien sûr, vos clients du Royaume Uni appellent ce produit le « ZBX3000 slant base lathe ». Et cette famille de produits doit changer de nom dans chacun des 19 versions pays.
Cela signifie que toutes les informations que vous avez associées à l’image du ZBX3000 doivent être dupliquées pour chaque pays. S’il faut uploader la même image à chaque fois pour stocker des informations annexes différentes, c’est lourdingue et à éviter absolument. Certains DAMs permettent heureusement de gérer les versions traduites des infos annexes. Ce qui règle le problème.
Mais ce n’est pas le cas de tous les DAMs
Dans ce cas, le plus simple est d’implémenter votre DAM de la façon suivante :
- sur votre DAM, n’est stockée que la version Master de l’actif numérique (avec les informations associées à la langue Master, l’anglais le plus souvent)
- sur votre plateforme ecommerce, les informations importées du DAM sont ensuite surchargées par une version contribuée dans la langue de la page, qui sera affichée par le code front de votre plateforme.
Une seule image, 19 noms, 19 alts, 19 légendes…
Ici encore, on voit à quel point il est primordial de faire attention à laisser la possibilité technique de remplacer les infos stockées dans le DAM par autre chose, si nécessaire…
Surcharger les infos du DAM : l’exemple des noms de fichier images
MUM et l’IA pour savoir ce qu’il y’a dans une image, c’est pour demain, voire après-demain. En attendant, si vous ne dites pas explicitement à Google qu’une certaine image est un « tour à banc incliné ZBX3000 », Google ne le devinera pas. Certes, il peut le déduire du contexte, mais il n’en sera sur que si les termes « tour à banc incliné ZBX3000 » figurent dans le nom de l’image. Et si vous voulez que votre image sorte en premier dans Google, c’est mieux d’avoir ces infos dans le nom de l’image plutôt qu’ailleurs.
Attention : j’ai bien dit dans le nom du fichier image. Pas dans l’url
- https://www.monsupersiteecommerce.com/tours-a-bancs-inclines/ZBX3000/12ae5678.jpg : pas glop 🙁
- https://www.monsupersiteecommerce.com/tours-a-bancs-inclines-ZBX3000-12ae5678.jpg : glop glop !-)
Sauf que dans la plupart des DAMs, votre nom de fichier image sera plus proche de la première version, avec une jolie référence bien incompréhensible, que de la seconde.
Alors comment faire ?
Une simple réécriture peut faire l’affaire.
Si l’url d’appel de votre DAM ressemble à ceci :
https://www.monsupersiteecommerce.com:8081/masolutiondam/12ae5678.jpg
Et que l’image est appelée par le code front de cette fiche produit :
https://www.monsupersiteecommerce.com/tours-a-bancs-inclines/ZBX3000
Alors l’url affichée de l’image sera :
https://www.monsupersiteecommerce.com/tours-a-bancs-inclines-ZBX3000-12ae5678.jpg
(l’identifiant 12ae5678 est séparé du reste du nom de fichier par un « –« )
On ajoute au nom de fichier un slug d’url « tours-a-bancs-inclines-ZBX3000 »
Pourquoi est-ce que cela fonctionne ?
Parce qu’il y’a une règle de réécriture programmée sur le serveur (ou le CDN, ou le reverse proxy, peu importe) qui convertit l’appel de :
https://www.monsupersiteecommerce.com/tours-a-bancs-inclines-ZBX3000-_12ae5678.jpg
en https://www.monsupersiteecommerce.com:8081/masolutiondam/12ae5678.jpg
(on ajoute le port et l’adresse pour appeler le DAM, et on enlève tout ce qu’il y’a dans le nom de fichier avant « –« , ainsi que « – » et le tour est joué).
Cette méthode fonctionne aussi pour créer des noms de fichiers « traduits ».
Conclusion :
Avec un DAM, comme pour un PIM, le danger pour le SEO c’est d’hériter de données incomplètes ou non optimales et de ne pas pouvoir les modifier parce que le spécialiste SEO n’a pas les droits suffisants pour corriger cela. La solution passe par avoir la possibilité de modifier ces informations avant leur affichage via la plateforme ecommerce, mais cela demande une réflexion en amont et la mise en place des solutions techniques pour pouvoir le faire.
Faut-il pour autant déconseiller la mise en place de DAMs en raison des problèmes qu’ils peuvent créer pour le SEO ? Non, ce sont des produits utiles, qui bien implémentés apportent au contraire des possibilités nouvelles pour le SEO.
Mais dès qu’on met en place derrière un site web une architecture logicielle comportant plusieurs produits, il faut bien réfléchir au workflow qui sera mis en place, de façon à ne pas créer de rigidités inutiles ou d’impossibilités techniques. Et ce sont ces rigidités et ces impossibilités qui peuvent avoir un impact SEO négatif.
Prochain article : les MDM